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Gaillac: Les quatre vérités de Michel Issaly. Publié le 03/01/2025. Article de la Dépêche du Midi du Tarn.

L’ancien président national des Vignerons Indépendants a des jugements tranchés sur le vignoble, les choix stratégiques et les défaillances dans son organisation. Jamais méchant, souvent incisif, Michel Issaly n’hésite pas à prendre les institutionnels du vignoble à rebrousse poil. Il n’est pas pour autant un franc-tireur, puisqu’il a présidé les Vignerons Indépendants de France de 2008 à 2014. Mais sur tous les sujets du moment, celui qui est à deux ans de la retraite et n’a toujours pas trouvé repreneur pour les 5 hectares du domaine de la Ramaye parle cash. L’arrachage ? « Ça fait vingt ans qu’on nous dit qu’on « réfléchit ». Il y a vingt ans, on a arraché comme des malades, aujourd’hui, on arrache comme des malades : 18 % des vignes, on est le deuxième en France pour l’arrachage. En fait, on n’a réfléchi à rien. Mais après tout, tomber à 4 000 ha, c’est peut-être la bonne solution pour relancer le vignoble ». Deuxième round, la Fête des Vins. » Elle est programmée le 1er août ? C’est une ineptie, les juillettistes sont sur le départ, les aoûtiens pas encore arrivés. On avait essayé cette date il y a une vingtaine d’années, on s’était planté, on avait dit : jamais plus ». Sur le contenu de la fête, il n’est pas plus accommodant. « J’ai fait 40 % de chiffre en moins et j’ai fait déguster pour 870 euros. Ça devient un abreuvoir pour les jeunes. Les grosses structures peuvent se le permettre, les petites non ». Réussites individuelles et faiblesse du collectif La crise du vignoble ? Dans un premier temps, Michel Issaly se fait conciliant, mais pour mieux contrer ensuite. « Ce n’est pas pire qu’ailleurs. Mais on devrait s’inspirer du Jura et du Muscadet, ils étaient à la rue il y a vingt ans, ils se sont remis en question en hiérarchisant leur offre. Chez nous, on a des réussites individuelles, mais le collectif est inexistant ». L’absence de repreneurs ? Là, il cogne dur. « Pourquoi voulez-vous qu’on investisse ici ? C’est n’est pas rentable. L’appellation a perdu de la visibilité. On peut claironner ce qu’on veut : Gaillac n’est pas connu au niveau national ». Et pourtant, Michel Issaly croit aux vertus de l’appellation quand d’autres s’empressent de la quitter. « L’AOP peut évoluer, c’est même nécessaire, mais elle porte les valeurs des anciens. Il faut la garder, même si on fait une gamme plus large, avec des rouges à boire rapidement pour aller dans le sens des consommateurs ». L’agroécologie et la diversification ? Là, il rejoint le petit peloton de ceux qui s’y adonnent. « On ne pourra pas vivre de monoculture mais à condition de mettre en place des filières commerciales. Je vois planter des oliviers partout. Pour l’instant, l’huile se vend car il y en a peu et pas de stock. Mais quand on va augmenter, tomber en concurrence avec l’Espagne, l’Italie, la Tunisie, que va-t-il arriver si l’on n’a pas de filière en place ? ». L’agroécologie, Michel Issaly la pratique depuis vingt ans au moins, mais il en présente les risques. « C’est d’abord une baisse des rendements. Les responsables politiques et syndicaux en font un outil de marketing, mais s’ils ne la soutiennent pas, les paysans n’iront pas vers l’agroécologie ». Michel Issaly est longtemps passé pour le Cassandre du Gaillacois, l’empêcheur de tourner en rond, annonciateur de tuiles qui n’arrivaient pas. Aujourd’hui, ce qui pouvait passer pour du pessimisme prend des airs de lucidité.

Gaillac: L’espoir et les difficultés des "vins naturels". Publié le 05/01/2025. Article de la Dépêche du Midi du Tarn.

Il existe un marché pour ces vins bio sans sulfites. Mais ils supposent une maîtrise technique précise dans la vigne et dans la cave. Le point avec un des plus anciens producteurs. Mauzac hors d’âge est un vin de déstockage : en termes de marketing, ça commence mal. Mais à l’arrivée, il y a des chances que des consommateurs avertis fassent fondre le petit stock de 2 500 bouteilles collectors (à 19 euros) qui dorment dans la cave du domaine de La Ramaye. Michel Issaly l’a annoncé : dans deux ans, il met les voiles. « J’avais du stock de Vin de l’Oubli. J’en garde qui sont vendus comme tels, mais j’ai décidé de mélanger en sortie de barriques quatre millésimes, tous élevés sous voile ». Le 2010 a douze ans de barriques, il apporte puissance et longueur en bouche. Les millésimes 2015 et 2016 confèrent à l’ensemble un équilibre et le 2018 sa rondeur, qui le rend plus facile à déguster pour des non initiés. Dans l’esprit de Michel Issaly, ce Mauzac Hors d’âge est porteur de mémoire, celle du domaine, de Maurice, son père qui faisait ce genre de vin dans la plus grande discrétion. Michel a apporté son sens du marketing et ses réseaux dans les Guides parisiens. Il est aussi un des défenseurs des vins naturels, mais il récuse le mot de « pionnier ». « Les vins naturels, les grands-parents en faisaient dans les années 60. Quand est arrivée l’œnologie moderne, on les a abandonnés pour y ajouter des « préparations œnologiques ». Quand j’ai repris le domaine en 1988, j’ai d’abord gardé un peu de soufre, mais j’ai abandonné le reste. Et en 1989, je suis passé au sans sulfite. Au départ, c’était dur. Heureusement, le terroir ici le permettait, mais commercialement il fallait tout expliquer ». La crise touche tout le monde Les vins ni filtrés ni collés avaient un peu de dépôt en fond de bouteille. La clientèle âgée y était habituée, mais les nouveaux consommateurs tournaient le dos à ce qui ressemblait à des loupés. « Pour qu’ils soient stables et passent le cap d’un certain vieillissement, il y a deux conditions préalables : un raisin impeccable, et une parfaite hygiène de cave ». Michel Issaly se souvient des précurseurs, les Laurent, Leduc, Lecomte, Brureau. « Pour eux, c’était une philosophie. Ils étaient dans le vrai, on s’en est inspiré. On ne parlait pas de vins naturels. On voulait juste faire des vins de terroir, en intervenant le moins possible à la cave, en gardant la « naturalité » du jus de raisin ». L’idée a mis du temps à faire son chemin. D’autres voies se sont ouvertes, comme la biodynamie. Les petites structures ont trouvé dans les vins naturels une « niche » conciliant leurs convictions et un espace commercial pour des consommateurs urbains, attachés à la typicité d’un terroir, à la personnalité d’un vigneron et de son histoire. Aujourd’hui la crise les touche comme les autres.

L'INTEGRATION HARMONIEUSE DE LA NATURE AU SEIN DE NOTRE VIGNOBLE A TOUJOURS ETE UNE PRIORITE:

Notre démarche a toujours eu pour ambition d’ouvrir nos vignes à la plus grande biodiversité possible et à un retour des équilibres de l’ensemble de notre univers vivant (végétal, animal, bactérien, mycorhizien, humain…). Toutes nos pratiques (interventions ou non-interventions) visent à favoriser un écosystème riche et équilibré, essentiel à la santé, à l’immunité et à la productivité de la vigne et des autres cultures nourricières (arbres, plantes aromatiques et médicinales, légumes, céréales, fleurs…). En observant depuis des années, en écoutant et en laissant s’organiser les choses la nature nous enseigne l’importance de l’adaptabilité et de la résilience. Cela nous permet d’ajuster nos pratiques pour que notre petit territoire survive et prospère malgré tous les défis climatiques croissants. Protéger nos sols a toujours été au cœur de nos préoccupations, tous les évènements climatiques que nous voyons s’accumuler depuis quelques années nous ont appelé à revoir notre relation avec ce qu’il y a sous nos pieds. Nous avons depuis plus de vingt ans remplacés, au maximum de ce que nous pouvions faire, nos interventions mécaniques par un travail plus souple et réalisé le plus souvent possible par la main de l’homme. Cela permet de retrouver des cycles beaucoup plus équilibrés entre le carbone, l’azote et l’humus pour enrichir nos sols en engrais naturels, un processus qui fixe les minéraux, limite le lessivage, facilite la mycorhize (le résultat d’une symbiose entre un champignon et une plante), la rétention d’eau et aide le développement du vivant et l’activité biologique avec beaucoup plus de nutriments dans les aliments que nous consommons (meilleure immunité). Année après année nous observons une accumulation plus importante des couches d’humus qui limitent les températures au niveau du sol et la rétention d’eau tout en permettant aux arbres et autres végétaux de jouer leur rôle de climatisation, de purification de l’air et d’évapotranspiration qui donnent plus loin les pluies salvatrices.

Lettre à un ami Michel Issaly un vigneron très indépendant… Le blog de Jacques Berthomeau à la date du 16 mai 2014.

Dans le petit monde des dirigeants professionnels français du vin que j’ai côtoyé tout au long de ma carrière, Michel Issaly, vigneron à Gaillac, occupe à mes yeux une place particulière. À la tête des Vignerons Indépendants de France (VIF), autrefois dénommé Confédération nationale des caves particulières (CNCP) jusqu’en septembre 2002, pendant 6 années il a su faire entendre une petite musique originale, celle d’un vigneron de conviction joignant le geste à la parole. Au sein d’un mouvement, dont l’histoire était fortement imprégnée par son opposition à la coopération viti-vinicole, Michel, avec un sens politique dont les élus politiques devraient s’inspirer, a su faire entendre une petite musique plus originale que celle d’une stricte opposition de modèle économique. Et pourtant, je peux l’écrire maintenant qu’il n’est plus Président des VIF, Michel n’était pas forcément représentatif de la base d’un mouvement beaucoup moins homogène qu’il n’y paraît.



Mon propos ce matin n’est pas de faire une analyse sociologique et économique des vignerons indépendants, ceux-ci s’apparentant par leur activité à des artisans-commerçants, mais de vous parler de Michel. C’est un lecteur de la première heure et surtout un ami fidèle, un vrai. Lors de la parution de mon rapport, en 2001, en dépit des turbulences surtout languedociennes, Michel m’a toujours témoigné publiquement, dans le respect de nos différences et de la nature de nos responsabilités, amitié et soutien. Sur beaucoup de sujets nous étions en plein accord : l’opposition stérile entre vin artisanal et vin industriel, l’AOC perçue comme un droit acquis, la dévalorisation du vin de table, le lien au terroir, la dérive orchestrée par les « petits génies » de l’UE de la définition du vin bio, le « passez en IGP » pour certaines AOP volumiques… Je lui avais même adressé une lettre Cher Michel Issaly qui appelle de ses vœux l’éclosion d’un leader charismatique dans le monde du vin link

Prendre ses responsabilités, prendre des responsabilités, des responsabilités nationales surtout, n’est pas chose aisée lorsque l’on est de surcroît un petit vigneron du Tarn. Il est plus facile, comme le font certains, de se contenter de pester dans son coin, de vouer les bureaucrates aux gémonies, de critiquer durement les dirigeants professionnels, de railler les politiques, de tailler en pièces les prohibitionnistes, sans pour autant s’engager dans le combat collectif. Pas le temps, pas l’envie, toutes les raisons sont bonnes pour laisser à d’autres, pas forcément les meilleurs, des mandats indispensables à la représentation des vignerons par des corps intermédiaires. Notre pays confond corporatisme, l’exemple du maintien bureaucratique des droits de plantation en est un bel exemple, et indispensable dialogue avec les décideurs du niveau national et européen. Notre goût immodéré pour la confrontation frontale, stérile, nous fait accoucher d’un immobilisme mortifère. Michel Issaly, avec pugnacité, élégance, simplicité et conviction, n’a pas hésité à mettre les mains dans le cambouis, à tenter de faire bouger les lignes, à sortir des postures purement syndicales et corporatistes. Les pesanteurs sont telles, les baronnies si cadenassées, que l’engagement de Michel Issaly doit être salué et apprécié à sa juste valeur.

Chapeau Michel, et merci !

Mais Michel est bien sûr un vigneron, et un très bon.

La preuve : le caviste de référence de la capitale, l’aveyronnais du nord Philippe Cuq, dans son Lieu du Vin propose à ses amateurs du Michel Issaly. Je lui ai posé la question à son retour d’un séjour en son Aveyron natal, pourquoi ce choix ? « Il y a quelques années, avant que d’être professionnel, l’amateur que j’étais fréquentait assidûment le salon des vignerons indépendants. Parmi la masse – plutôt qualitative il me semblait – certaines rencontres se détachaient. L’une d’entre elle s’est faite autour de cépages aux noms venus de loin et qui émoustillaient le curieux, l’original que j’étais déjà (mon adresse était lendelel@wanadoo.fr et je me régalais déjà de mansois et de savagnins non ouillés). Un dénommé Michel ISSALY m’a fait faire une dégustation dont je me rappelle encore : il était question d’équilibre des vignes, de respect du terroir et de l’histoire, de temps nécessaire à la construction du plaisir… On a fini par du mauzac, un Vin de l’Oubli que je n’ai jamais oublié.  Voilà pourquoi, maintenant professionnel, j’ai saisi la première occasion pour aller déguster les vins de la Ramaye, et devinez quoi ? Il y a du Vin de l’Oubli au lieu du Vin. Parce que je n’oublie jamais ni mes amis ni mes plaisirs… »

 

Publi shed by JACQUES BERTHOMEAU dans berthomeau le 16 mai 2014.

Portrait : Michel Issaly, plaidoyer pour le vin d’artisan Par Florence Bal (article la RVF en 2013).

À Gaillac, dans le Tarn, cet amateur de rugby est devenu aussi incontournable que Robert et Bernard Plageoles. Comme eux, il a choisi de faire revivre les vieux cépages dans des vins blancs et rouges “naturels”. Des crus pleins de personnalité, aux antipodes des vins technologiques.

À Gaillac, dans le Tarn…
Impulsif, Michel Issaly fait parler son cœur…

À Gaillac, dans le Tarn, Michel Issaly, est un vigneron hors normes. À la tête d’une très petite structure de 5,8 hectares, le domaine de la Ramaye à Sainte-Cécile-d’Avès, il se bat pour défendre le pluralisme et la diversité dans l’univers du vin. Michel Issaly revendique ainsi le droit d’élaborer des vins « qui ne sont pas dans la ligne dominante ». Ses clients et les amateurs de passage sont invités à « se décomplexer ». On peut lire sur ses flacons : « Vous avez le droit de ne pas aimer ce vin, car il est à l’opposé des vins technologiques qui sont eux vinifiés pour plaire à tout le monde ». Vous voilà prévenu. Vous aimerez ou vous détesterez ses vins, trois blancs et trois rouges. Michel Issaly assume. « Mes vins s’adressent à des hommes et à des femmes capables de comprendre ce qu’il y a dans la bouteille », explique-t-il, revendiquant des « vins complexes, robustes, faisant la part belle aux arômes secondaires et tertiaires ».

En ce moment :

Toujours prompt à tenter un coup d’éclat individuel, en bon rugbyman gascon, Michel Issaly est aussi garant du jeu collectif. Un pour tous, tous pour un ! Adhérent de Terres de Gaillac, une association de dix fleurons du vignoble, il vient d’être élu président des Vignerons indépendants de France. Un événement pour un non-Languedocien ! Dans le vignoble, il vinifie son premier millésime en 1983, mais ne s’installe sur le domaine familial qu’en 1991. En 1993, il divise la surface de vignes par trois et se concentre sur ses vins à forte valeur ajoutée. Plus que de l’audace, une révolution ! « Sûr de son coup », il défend bec et ongles son modèle.

Il conserve des terroirs de calcaires friables, de galets roulés ou de gravières, aux expositions variées pour limiter les risques climatiques. Il emboîte le pas à Robert et Bernard Plageoles (domaine des Tres Cantous), les locomotives du vignoble gaillacois, qui ont ressuscité les vieux cépages autochtones. Il relève le défi de vinifier « ce qui ne se fait nulle part ailleurs » : les cépages duras, braucol, prunelard en rouge ; len de l’elh, mauzac et ondenc en blanc. Il ne conserve qu’un hectare de syrah et de merlot. En vivre n’est pas si simple. « Une petite structure paie tout au prix fort, reconnaît-il. Les coûts de revient explosent ».



Impulsif, Michel Issaly fait parler son cœur…

Impulsif, Michel Issaly fait parler son cœur, ses tripes, son terroir. Les vins sont vinifiés « naturellement ». Il n’ajoute ni sucre, ni levures, ni enzymes… excepté un minimum de soufre. Un pari risqué. Il confesse « de nombreuses erreurs et des cuvées ratées » : par exemple, des blancs secs ou doux marqués par l’oxydation (le mauzac y est très sensible) ou avec des acidités volatiles incroyables… Des vins « surprise », incontrôlables, qui évoluent à leur façon. « C’est le prix à payer pour avancer », assure Michel Issaly.

Le consommateur, lui, doit faire preuve de patience et de méthode pour apprécier ses vins à leur juste valeur. Six à huit heures d’aération sont nécessaires pour éliminer gaz carbonique et réduction. Carafer les cuvées Combe d’Avès, un assemblage de duras et braucol, et Le Grand Tertre, un vin de pays des Côtes du Tarn à base de prunelard et de braucol, est obligatoire. Peut-on être un vigneron exigeant et un syndicaliste à l’échelon national ? Oui, clame l’ex-talonneur qui retrouve là « un vrai combat », une équipe, des valeurs humaines. Sa priorité : face à l’industrialisation, préserver un modèle artisanal en explorant l’expression du terroir, seul salut à ses yeux.


Ses quatre facettes :

  • Date et lieu de naissance : le 1er avril, à Gaillac.
  • Vigneron depuis : vingt-quatre millésimes.
  • Sa cuvée favorite : vin de pays des Côtes du Tarn Le Grand Tertre 2006 (23 €).

Son dernier coup de cœur : le faugères Cuvée Jadis 2002 du domaine Léon Barral. Exceptionnel.